Valentine BOUAZIZ

Valentine,

Pardonne-moi, j’ai tardé à t’écrire.
Je voulais prendre le temps de choisir mes mots et Dieu sait que le temps nous manque. Toi ce temps tu l’as pris, tu l’as pris avec elle, pour lui dire combien tu l’aimes, pour la faire rire encore une fois, pour qu’elle te serre dans ses bras devenus, en trente ans, plus forts que les tiens. Puis, comme l’oiseau qu’on aperçoit une seconde avant qu’il prenne son envol, tu as disparu dans les nuages. Elle a su profiter de ta présence avant ton voyage.
Le ciel brille un peu plus fort depuis quelques nuits. La mort d’une étoile passe inaperçu dans l’espace, pourtant nous te voyons, scintiller plus fort que toutes les autres. Et bien que nous ne sommes que poussière dans cet immensité, la place que tu tiens dans son cœur est plus vaste que l’univers. 
Valentine, tu es son étoile, tu fais partie du temps lui-même désormais, ni le passé ni le futur n’auront d’impact sur toi, ta peau, ton odeur et ton sourire resteront là, pour toujours. On se reverra dans quelques temps. Et on rira, comme des vieilles, comme à Paul Cézanne.
Bien à toi, 

Marianne