Jean CÉA

J'ai été élève de Jean Cea à la création de L'ISI à Sophia Antipolis. J'y pensais ces derniers temps car je viens de prendre ma retraite et un petit retour en arrière fait remonter les moments les plus marquants.
C'est le plus extraordinaire professeur que j'ai jamais eu.
Un cador des mathématiques et surtout un potentiel pédagogique qui mettait les sciences à la portée de tous. C'était un visionnaire pragmatique et déterminé bien loin de toute routine et de comportements opportunistes . Un humanisme réel et non pas de façade, une complètude hors norme. Nous aurions besoin de beaucoup de personnalités de ce calibre dans ce monde absurde et sans boussole.
J'espère que ses "vieux jours" ont été les plus doux possibles.
Très triste nouvelle
Toutes mes pensées amicales à sa famille.
Olivier Michaux

J'apprend avec une profonde tristesse le décès du Professeur Jean Céa, mon co directeur de thèse, et j'adresse à sa famille toutes mes condoléances

Toutes mes condoéances, j'avais connu Jean quand j'étais en DEA en 1990 alors qu'il allait beaucoup à Sophia Antipolis. Je garderai un excellent souvenir et je me souviendrai du cadeau qu'il a fait à une de mes élèves de Seconde quand ses mémoires ont été publiées il y a une dizaine d'années et je pensais beaucoup à lui l'an dernier via des échanges avec René Lozi sur facebook. J'avais hésité à téléphoner à Jean en décembre dernier pour l'inviter encore une fois pour parler à mes élèves. Merci pour tout, Jean !

Jean me laisse le souvenir d'un mathématicien passionné et passionnant, ainsi que d'un homme profondément humaniste et chaleureux : ses souvenirs d'enfance, son parcours, ses combats me le rendent proche de Camus. Je regrette ne pas avoir parlé du "Premier Homme" avec lui.

Texte dit à la cérémonie d'adieux
A Jean Céa

Jean, en ces quelques minutes, je voudrais évoquer maintenant ta foisonnante vie professionnelle.

Tout le monde sait que tu as été un brillant mathématicien, et un grand bâtisseur, avec une curiosité, une imagination et une vue de l’avenir peu communs. Tu étais passionné par la création, n’hésitant pas à t’attaquer à des problèmes tout nouveaux, et aussi par la transmission. Tu avais reçu de la France Républicaine, tu tenais à faire partager tes grandes capacités.

Au point qu’à un moment de ta vie tu es devenu écrivain, allant du roman policier, passant par la vulgarisation scientifique, jusqu’à une étude sur l’Islam ! Tu as donné la mesure de tes capacités exceptionnelles d’analyse et de synthèse. Si vous butez sur un problème qui vous paraît confus, donnez-le à Jean, il démêlera l’histoire et vous l’expliquera simplement, que vous soyez un grand scientifique ou une « mère admirable », comme il appelle ces mamans d’enfants de quartiers défavorisés qu’il aidait à se battre pour donner à leurs enfants la possibilité de s’épanouir.

Il n’est pas possible en ces courtes minutes d’évoquer tous les registres dans lesquels tu as apporté. Mathématiques bien-sûr, création de diverses structures d’échange, cursus d’enseignement où tu as été précurseur etc…
Je voudrais développer un aspect de ta personnalité que j’ai particulièrement appréciée pendant ces longues années où nous avons cohabité dans le même labo. Tu as été mon « patron », comme on le dit en milieu universitaire. Je suis venue te voir, j’avais 25 ans. Tu m’as proposé un sujet qui s’écrivait sur un demi tableau noir, et tu m’as dit : « fais ce que tu veux, les jeunes venus d’ailleurs apportent des idées nouvelles ». Et tu m’as donné des armes, sous la forme d’une liste de collègues plus brillants les uns que les autres, en me poussant à partager avec eux!
Tu avais compris que pour un chercheur non débutant, une fois qu’il est sur un sujet, le plus important est de lui permettre d’entrer dans une équipe avec laquelle il pourra grandir ! Jean ne « gardait » pas ses élèves et ses sujets, il ouvrait des voies!

Je voudrais insister sur le rôle que tu as eu auprès d’autres jeunes qui, à l’époque n’avaient pas la chance de bénéficier d’un tel encadrement. Tu as sauvé plusieurs de mes copains pour lesquels tu as su trouver cette équipe dont ils avaient besoin, même si leur domaine de recherche s’écartait un peu du tien. En agissant ainsi tu as été un grand Responsable dans notre labo.

Jean, tu as beaucoup donné, sans rien attendre d’autre en retour que de l’amitié. Ce n’est pas si courant.

Jean, tu nous manques terriblement, toi l’indestructible, comme le dit ton ami Razak !

Jean, ce que tu as construit est assez solide, ce sera poursuivi, ne t’en fais pas !!!



 
 
 

Jean, j’étais ton dernier élève. J’avais eu la chance de t’avoir comme enseignant, comme directeur de thèse, comme partenaire pour des enseignements communs et enfin comme ami. ||
Pour mon travail de doctorat, tu avais ouvert une brèche et tu m’avais laissé m’y engouffrer avec bonheur. ||
Lorsque l’on avait un rendez-vous de travail, tu étais d’une ponctualité remarquable, malgré ton emploi du temps très chargé. Je n’avais jamais eu à attendre. Et les réunions étaient d’une efficacité redoutable. Tu avais toujours su dire l’essentiel avec très peu de mots. ||
J’avais adoré jouir d’une très grande liberté avec toi. Tu m’avais même trouvé un poste d’assistant à Besançon en 1979, alors que je n’avais pas encore terminé ma thèse. C’était du télétravail avant l’heure ! ||
L’enseignement était pour toi une passion, qui illustrait bien ton goût pour la transmission. J’avais eu la chance de suivre tes cours : tu arrivais à construire des édifices mathématiques d’une grande beauté. ||
Et en enseignant avec toi, je m’étais rendu compte que tu n’aimais pas refaire le même cours plusieurs années de suite et lorsque tu le faisais, tu reprenais totalement le cours pour le rendre encore plus beau, plus accessible et plus clair. ||
Tu as su transmettre à plusieurs générations tes valeurs et à notre tour, nous avons essayé de les suivre et de les transmettre. ||
Et ensuite est venue une amitié basée sur le bonheur d’échanger sur des sujets d’intérêt commun. La perspective de ne plus jamais pouvoir échanger avec toi est une épreuve terrible. ||
Toutes mes condoléances à Danielle et à toute la famille.

Jean Céa était mon parrain au CNRS. Quand je le rencontrais à une conférence, il m'appelait toujours 'mon filleul' avec beaucoup de chaleur. Il me mettait en confiance et était très positif lorsque je lui envoyais mon rapport annuel pour le CNRS. Je me souviens très bien du joyeux pique-nique qu'il avait organisé aux iles de Lérins lors du colloque IFIP en 1975. Nous étions unis par notre lien à Lions: lui était son premier élève et moi son dernier! Je garderai de Jean le souvenir d'une personne très amicale , bienveillante et chaleureuse. Je présente mes sincères condoléances à toute sa famille.